La dépression périnatale
28 octobre 2022
Dès leur plus jeune âge, les femmes font face à la pression sociale en lien avec la maternité. En effet, nous vivons dans une société de performance qui impose des standards qui sont complètement déconnectés de la réalité des futures et nouvelles mères. Que ce soit en lien avec la rapidité de conception, la conciliation professionnelle, l’image corporelle ou bien encore la productivité maternelle, les femmes vivent de plus en plus de culpabilité en lien avec leur incapacité à répondre à ce que la société – et elles-mêmes- s’impose. Ce n’est pas pour rien qu’environ 10% des femmes souffrent de dépression périnatale et 15 à 20% de dépression postnatale.
La dépression durant la grossesse
La grossesse est généralement une période de grand bonheur. Toutefois, pour plusieurs, la grossesse est une source de stress et d’inquiétudes. Certaines femmes vont se sentir déprimées sans trop savoir pourquoi. Plusieurs facteurs sont en causes, dont les antécédents. Une femme ayant déjà souffert de dépression est plus à risque de revivre une dépression, surtout lors d’un grand bouleversement physique et émotionnel comme une grossesse. D’autres facteurs comme, par exemple, la monoparentalité, l’instabilité financière ou encore le faible réseau de soutien peuvent augmenter les risques de souffrir de dépression périnatale.
La difficulté à concevoir des couples qui ne fait qu’augmenter à aussi un impact majeur sur la santé mentale et émotionnelle des femmes. Listes d’attente, examens gynécologiques invasifs, injections à répétition, traitements hormonaux, chirurgies, fausses couches… On est loin de la douceur de la conception naturelle. Lorsqu’elles finissent par être enceintes, ces femmes ressentent beaucoup de peurs, dont celle de perdre leur bébé tant attendu. Ce qui est tout à fait normal! Il est important d’avoir du soutien afin de verbaliser vos peurs et obtenir des réponses fiables à vos inquiétudes. Une amie qui est passée par là, une accompagnante à la naissance, une infirmière, une psychologue … peu importe qui, trouvez-vous une alliée de grossesse pour vous accompagner et vous soutenir.
Plusieurs autres facteurs peuvent mener vers une dépression périnatale. Le fait de vivre loin de sa famille, avoir un/une partenaire qui travaille beaucoup et est peu présent à la maison, les ressources financières limitées, l’impact d’une grossesse surprise dans une famille déjà complète, une grossesse multiple, le manque de soutien de l’entourage, une santé précaire ou une grossesse à risque avec des suivis médicaux nombreux, etc. Ce sont toutes des sources de stress qui peuvent mener vers une dépression durant la grossesse.
Il faut quand même mentionner que dans certains cas, tout va bien. Aucun signe particulier de source de stress ou de motifs d’inquiétudes, mais malgré tout, ça ne va pas. Ça aussi, c’est possible, et sachez que vous êtes normales. La dépression peut arriver à tout moment, et n’a pas besoin de raison précise.
Si vous vous sentez déprimée, triste, et que ce sentiment prend toute la place, surtout n’hésitez pas à en parler à votre professionnel de la santé. (Médecin de famille, sage-femme, gynécologue-obstétricien)
La dépression postpartum
La dépression postpartum est plus grave que le baby-blues et nécessite une prise en charge médicale. C’est une dépression qui peut arriver à tout moment durant la première année suivant l’accouchement, mais le taux est plus élevé durant le 4e trimestre. (Les 3 mois après la naissance du bébé). Il faut savoir qu’il est possible de présenter des symptômes dépressifs sans souffrir de dépression postpartum. C’est en effet le cas pour environ 40% des femmes pendant la période de 3 à 6 mois après l’accouchement.
La différence entre un état transitoire dépressif et une dépression postpartum est le cumul et la durée des symptômes. Si vous avez plusieurs des symptômes suivants et que ceux-ci durent depuis plusieurs semaines/mois, il est important de consulter votre professionnel de la santé. Il n’y a aucune honte à demander de l’aide, au contraire, c’est la meilleure chose à faire pour votre bien-être et celui de votre famille.
* Profonde tristesse sans raison apparente
* Pleurs fréquents inexpliqués
* Épuisement permanent ou problèmes de sommeil (dormir trop ou pas assez)
* Sentiment de dévalorisation ou culpabilité excessive (impression d’être un mauvais parent, difficulté à établir un lien avec son bébé)
* Irritabilité
* Anxiété extrême (surtout en ce qui a trait au bien-être de son enfant)
* Incapacité à s’occuper correctement de son enfant ou refus de passer du temps avec lui
* Capacité à s’occuper de son enfant, mais avec une absence de plaisir à le faire
* Désintérêt pour les activités aimées auparavant ou manque de plaisir durant celles-ci
* Changement d’appétit
* Sentiment que les choses ne s’amélioreront jamais
* Tendance à s’isoler
* Idées suicidaires
Les ressources d’aide
La dépression périnatale est encore taboue dans notre société, mais est pourtant très présente. N’attendez pas pour demander de l’aide, ça ne passera pas tout seul. Vous avez besoin d’aide.
Si vous sentez le besoin de parler, nos infirmières cliniciennes sont disponibles pour des rencontres virtuelles d’accompagnement afin de vous aider à verbaliser comment vous vous sentez et vous guider vers un suivi au besoin.
Si vous ressentez une détresse psychologique et avez besoin d’aide, contacter les ressources d’aide suivantes :
* Info-social : 811
* Ligne Parents : 1 800 361-5086
* Votre médecin de famille, sage-femme, médecin de suivi de grossesse, gynécologue-obstétricien
* Un psychologue https://www.ordrepsy.qc.ca/accueil
Références :
https://www.inspq.qc.ca/Data/Sites/8/SharedFiles/PDF/sante-mentale.pdf
https://www.ordrepsy.qc.ca/-/la-d%C3%A9pression-p%C3%A9rinatale-un-trouble-sous-estim%C3%A9